Catégoriser, qu'est-ce que c'est ?
C’est réduire la complexité du monde et mettre de l’ordre dans ses connaissances en les subdivisant en catégories. C’est organiser mentalement ses connaissances.
Ces connaissances sont rangées selon des concepts repérés et reliés entre eux (liens subordonnés ou liens parallèles). Ces concepts peuvent être plus ou moins abstraits.
Catégoriser consiste à considérer de manière équivalente des objets, des personnes ou des situations qui partagent des caractéristiques communes.
Les intérêts :
- Développer son langage (permet de nommer précisément un élément ou un ensemble, comprendre et utiliser les mots : tous, sauf, aucun, quelques, chaque, chacun, parmi, ni… ni…)
- Développer la mémorisation (permet de structurer les connaissances dans la mémoire sémantique)
- Développer la flexibilité (permet de passer d’une forme de classement à l’autre)
- Raisonner (en établissant des liens entre catégories, repérer l’intrus d’une catégorie)
- Conceptualiser (repérer les attributs propres à une catégorie qu’on identifie)
- Réduire les efforts cognitifs (en présentant les aspects du monde de façon plus informative et plus économique cognitivement)
- Faciliter probablement l’apprentissage de la lecture pour nos élèves les plus fragiles
(cf. travaux de J-E. Gombert, S.Cèbe et J-L. Paour)
Les fonctions exécutives mobilisées
- La flexibilité (Pour passer d’une catégorie à une autre)
- L’inhibition (Pour sélectionner uniquement les critères pertinents)
- La planification (Pour organiser spatialement et mentalement son classement)
Les gestes mentaux utilisés
Les obstacles, les difficultés rencontrées
- Sérier, ranger, ordonner (Plus grand, plus petit, avant, après)
- Apparier (= effectuer une correspondance terme à terme)
- Identifier (= reconnaître quelque chose ou quelqu’un = déterminer la catégorie à laquelle il appartient)
- Énumérer, lister (Enonciation successive et unique des objets d’un ensemble)
- Mettre en relation (mettre ensemble ce qui est “pareil”)
- Exclure (écarter ce qui est “différent”)
- L’enfant réagit davantage au matériel qu’il ne l’organise (il manipule pour manipuler)
- L’enfant a du mal à planifier ses rangements (il déplace, ne se fixe pas une règle de départ, ne s’organise pas, ne nomme pas de critères, change de critères, se questionne après…)
- L’enfant ne classe que selon des catégories qu’il connait (lié à son expérience personnelle, il nomme les éléments isolés, mais ne nomme pas l’ensemble, ni les critères communs)
- L’enfant ne se montre pas flexible (il ne change pas de critères pour catégoriser)
- Les frontières entre les catégories sont floues et donc perméables (il introduit un intrus dans un ensemble car il y un point commun avec cet ensemble ; par exemple, il peut ranger “une cage” avec “les animaux”)
- L’enfant reste sur l’aspect affectif (il ne range pas “le loup” avec les autres animaux car “il peut les manger”)
- Il sait qu’il a réussi, mais ne peut expliquer les règles qu’il a utilisées (il maîtrise la procédure, mais pas le concept)
Trois types d'organisations mentales à observer :
L’organisation perceptive :
… en fonction d’équivalences
physiques.
Ex : taille, couleur, forme, usage…
L’organisation thématique
(ou schématique ou fonctionnelle) :
… en fonction d’une relation liée à
l’espace-temps, à une causalité ou à une expérience personnelle.
Ex. : la catégorie “ferme” ou “école”…
le chien et sa niche….
L’organisation taxonomique
(ou hiérarchique) :
…en fonction de propriétés communes.
Ex. : les animaux, les végétaux, les aliments, …
Critères de réussite
- L’objet partage la même propriété que tous les autres objets de la catégorie
- Une fois que nous avons choisi une règle de tri, il est nécessaire de l’appliquer jusqu’au bout, donc maintenir la propriété
- On ne doit pas accepter d’intrus, même si il partage une propriété commune avec l’un des éléments de la catégorie, apprendre à ne pas être perméable
Quelles situations proposer aux élèves pour les mettre en situation de catégoriser ?
En cycle 1
- trier des objets (coins jeux)
- trier des images, des objets à toucher (jeu de Kim)
- proposer des situations de comparaison de deux éléments (ce qui est pareil ? ce qui n’est pas pareil ?)
- lectures et création d’imagier
- la mise en réseaux d’albums
- les lotos, jeux de l’oie thématiques
- les jeux de comptage argumentés
- l’exemple OUI / l’exemple NON
- les chasses à l’intrus
- le projet “Aventurier des mots”
En cycle 2
- trier des images, des mots, des lettres… (en phonologie, en orthographe, en “questionner le monde”)
- trier des consignes (dans tous les domaines)
- construire un imagier
- la mise en réseaux d’albums
- jeu du “Petit bac”
- le jeu “Concept Kids”
- les jeux de comptage argumenté
- l’exemple OUI / l’exemple NON
- les chasses à l’intrus
En cycle 3
- trier des images, des mots (en phonologie, en orthographe, en grammaire, en “questionner le monde”)
- trier des consignes (dans tous les domaines)
- la mise en réseaux d’albums
- le jeu “Concept Kids” ou “Concept”
- le jeu “Dixit”
- les jeux de comptage argumenté
- l’exemple OUI / l’exemple NON
- les chasses à l’intrus
Toutes les activités de tris ou de jeux doivent être accompagnées d’une verbalisation et d’une argumentation des critères et des catégories.
- Comment sais-tu que ça va ensemble ?
- Comment appelles-tu cette famille ?
- Pourquoi n’as-tu pas mis cet objet avec les autres ? Est-ce que je peux mettre cet objet dans cette famille ?
Des outils "clés en main"
Pour aller plus loin...
Britt-Mari Barth “L’apprentissage de l’abstraction” “Eleve chercheur, enseignant médiateur”