Travailler la compréhension à travers la littérature jeunesse

D’après la Conférence consensus “Compréhension en lecture” du CNESCO, les enfants et les adolescents qui comprennent mal ce qu’ils lisent éprouvent trois difficultés particulières :

  • ils disposent de connaissances langagières moins étendues et moins approfondies (maitrise  du langage oral pour comprendre et s’exprimer)
  • ils ne parviennent pas à une lecture suffisamment fluide des textes qu’ils lisent, malgré des capacités correctes d’identification des mots.
  • ils ont des difficultés à contrôler et à réguler leur lecture (maitrise de stratégies en vue de comprendre les texte)

Les documents d’accompagnement des programmes évoquent alors l’importance de l’enseignement explicite de stratégies de compréhension en lecture, en vue de permettre à l’élève d’accéder seul au sens des textes qui lui sont proposés. Ce travail de compréhension débute bien avant l’entrée au CP et l’apprentissage du code. C’est pourquoi plusieurs ouvrages proposent des activités structurées autour de ces stratégies, dès la maternelle.

Pour quelle lecture ? 

Les lectures à compréhension autonome ? Lire une histoire et poser quelques questions de compréhension

Lecture répertoire ?  Lire tous les jours un texte court, sans le questionner, permettant aux élèves de mettre en réseau un thème, un auteur, un type d’écrit ou autre…?

Pour celles-ci, ne pas hésiter à se mettre dans la poche la bibliothécaire du coin qui peut vous aider à créer des liens intéressants entre les albums… 

Peut permettre un travail de catégorisation des histoires…

Lecture enseignée ? Travaillée sur une période plus longue, en enseignant explicitement les stratégies de compréhension

Pour celles-ci, ne pas hésiter à prendre des albums avec un vocabulaire riche, une structure narrative plus compliquée, un rapport texte/image plus complexe…

IMPORTANT : Commencer par décortiquer le texte et les images de l’album ! 

Le plus simple est de se faire un tapuscrit sur lequel on peut gribouiller et qui pourra servir ensuite de base pour créer des affichages et des activités pour les élèves.

Partir à la recherche des obstacles éventuels à la compréhension générés par le texte : lexique ? chronologie ? retours en arrière ? les personnages et les différentes façons de les nommer ? les changements de styles direct/indirect ? etc.

Observer le lien texte/image : Tout comme la compréhension du texte, la lecture d’images s’apprend. Cette dernière obéissant à des codes spécifiques, distincts du texte. La complexité du rapport texte/image peut déclencher des difficultés de compréhension chez les élèves.

Le texte et l’image peuvent : 

  • se répéter = rapport de redondance (le type le plus sécurisant en maternelle)
  • se compléter = rapport de collaboration
  • se contredire = rapport de disjonction (le plus complexe, qui demande d’avoir bien travaillé la lecture d’images)

Une fois l’album analysé, tous les déroulements de séances peuvent être identiques, il n’y a que quelques variantes (permet aux élèves d’anticiper ce qu’on attend d’eux), pour chaque “temps” compter 20/30min selon l’album choisi et le groupe… (démarche inspirée de la méthode Narramus)

TEMPS 1 – EXPLICITATION DU VOCABULAIRE

Objectif : Définir explicitement le vocabulaire avant la lecture de l’épisode

Premier moment de définition des différents mots qui peuvent poser problème (attention, pour certains, des mots très simples comme forêt ou jupe peuvent être inconnus..!)

Exemples d’activités possible :

  • montrer l’image pour faire deviner (toujours associer le mot écrit à l’image)
  • expliquer le mot et le faire prononcer
  • jeu en petits groupes de mémory, de loto… (pour gagner l’image, il faut prononcer le mot)

Lien vers le blog d’une enseignante qui donne quelques idées de jeux à faire sur ce temps avec les différents mots : http://objectifmaternelle.fr/2018/01/langage-narramus-sieste-de-moussa/

TEMPS 2 – LECTURE DE L’ÉPISODE

Objectif : Apprendre à fabriquer une représentation mentale de l’histoire.

  1. Lire l’intégralité de l’épisode en montrant uniquement le texte (projeté ? affiché ?), pas les images (il est normal qu’au début de ce travail plusieurs enfants ne sachent pas quoi faire lorsque vous lisez sans montrer les images). Précisez au départ que quand on écoute une histoire, il faut essayer de faire comme un dessin animé dans sa tête.
  2. Relire l’épisode en petits morceaux et demander aux élèves de prévoir les illustrations. Ils doivent deviner ce qu’il y aura sur le dessin associé à cette partie du texte.
  3. Questionner les causes/conséquences de chaque action du texte, les états mentaux des personnages… Tous les éléments qui peuvent permettre de soulever les obstacles possibles à la compréhension.
  4. Raconter sans réciter, sans regarder le texte, l’ensemble de l’épisode, à nouveau, pour modéliser

TEMPS 3 – REJOUER L’HISTOIRE

Objectif : Faire reformuler l’épisode afin de vérifier la bonne compréhension de chacun

En petits groupes de besoins, faire raconter l’épisode aux élèves à l’aide de supports :

  • un élève raconte, les autres complètent
  • figurines et maquettes 
  • images séquentielles
  • théâtre
  • kamishibaï, raconte-tapis… si vous avez/trouvez…

BONUS : L’ATELIER DE QUESTIONNEMENT D’IMAGE DU ROLL  (pour aller plus loin dans la lecture d’images)

Quelles images pour les Ateliers de Compréhension d’Images ?

  • Des images appelant une description
    • Une photo de paysage (la mer, la montagne, un jardin, une forêt…)
    • Une photo (ou dessin) d’objet ou d’animal
    • Une photo (ou dessin) d’un seul personnage (une fée, un clown, une sorcière)
  • Des images appelant une narration
    • Une scène illustrant une action (course poursuite, bagarre, jeu…)
    • Une scène familière (cour de récré, petit déjeuner, visite du zoo, marché…)
    • Une image de deux personnages exprimant une émotion (colère, rire, chagrin…)
    • Une série d’images séquentielles, plus ou moins explicites, ordonnées ou non
  • Des images appelant une explication
    • Un schéma représentant l’éclosion d’un œuf
    • Un schéma représentant le cycle de l’eau (pluie, mare, nuage…)
    • Un schéma d’expérience (objets flottant/coulant, pesées…) 

Objectifs : Nommer ce que montre l’image (description des lieux, décors, personnages, objets…). Comprendre ce que suggère l’image (inférer une situation, des mouvements suggérés par l’attitude des personnages, interpréter l’expression des personnages, le rôle des objets…) 

Déroulement de l’atelier

Phase 1 

Dire : Vous allez regarder une image sans parler. Il faudra bien observer tout ce qu’il y a sur l’image pour pouvoir en parler après. Laisser quelques minutes d’observation individuelle. Puis retourner l’image. 

Phase 2 

Recueillir les premières réactions, sans les commenter. Noter les accords (et désaccords) sur ce qui est nommé ; noter les propositions d’interprétation qui font consensus, et celles qui sont minoritaires. Faire justifier ces propositions. 

Phase 3 

Observer à nouveau l’image et valider si possible les propositions ; identifier sur l’image les éléments qui n’ont pas été retenus lors des premiers échanges (détails, arrière-plan, expression particulière d’un personnage, etc…) 

S’accorder collectivement sur une « histoire possible » en veillant à maintenir une compatibilité entre le texte produit et l’image observée. 

Phase 4 

Se demander : qu’avons-nous fait ensemble ? 

Faire remarquer qu’en l’absence d’un texte référent, sur lequel s’est appuyé l’illustrateur, on ne peut être certain des hypothèses suggérées par l’image. 

Possible : Rappeler les ateliers précédents au cours desquels d’autres images auront été observées et rapprocher l’image du jour d’images observées précédemment. Amorcer un classement d’images.

Les recherches ont confirmé que l’enseignement de la compréhension passe par :

  • un enseignement explicite et très structuré au moins pour les élèves jeunes et tout au long de la scolarité pour ceux qui rencontrent des difficultés ;
  • l’utilisation du langage oral du fait de la continuité et de la parenté des mécanismes de compréhension utilisés et du fait que la verbalisation peut rendre perceptible des processus ou mécanismes d‘ordinaires non perceptibles.
Ci après, un schéma permettant de synthétiser l’ensemble de ces stratégies, aussi appelées “habiletés”. D’un guide pédagogique à l’autre, elles ne sont pas nommées de la même manière, mais l’objectif visé est toujours le même : donner à l’élève des “clés” pour être capable de comprendre seul un texte lu en autonomie.
 
La démarche de l’enseignement explicite des stratégies de lecture se fait en quatre étapes successives (https://adel.uqam.ca/)
  1. Présentation de la stratégie (l’enseignant explique quand et pourquoi utiliser cette stratégie)
  2. Modelage (l’enseignant applique la stratégie devant ses élèves, en situation réelle)
  3. Pratique guidée (les élèves s’entrainent et utilisent à leur tour la stratégie devant les autres, l’enseignant accompagne)
  4. Pratique autonome (l’élève pratique seul)
Il est important que l’élève comprenne que “lire et comprendre” n’est pas une action “magique et instantanée”, mais qu’il doit mettre en place différentes astuces (avant, pendant et après sa lecture) pour être capable de résumer oralement ce qu’il vient de lire à quelqu’un.
Les guides proposés ci-après proposent chacun une démarche différente pour y accéder.

“Chut, on lit…”

L’objectif de ce temps est de proposer un moment de lecture libre, en classe. En effet, de certains enfants ne disposent ni du temps, ni des ouvrages à dispositions hors de l’école pour lire pour eux même.

Comment s’organiser ? planifier ce temps dans l’emploi du temps de la classe (le temps du retour de cantine est souvent plébiscité par les enseignants qui le pratiquent), 10 à 15 minutes suffisent.

Chaque élève choisit le livre qui lui fait plaisir, il n’a pas le droit d’en changer pendant le temps imparti (cela évite à certains élèves de se contenter de feuilleter rapidement, sans chercher à comprendre). L’enseignant peut lui aussi prendre un livre et faire de même… ou bien observer ses élèves en tâche de lecture autonome…!

Le Rallye Lecture

L’objectif du Rallye lecture est de proposer aux élèves une sélection de livres à lire seul, en classe ou à la maison, à son rythme. La lecture de chaque ouvrage est suivie d’un questionnaire papier ou numérique (plusieurs plateformes collaboratives existent en ligne, vous pouvez y abonner votre classe).

Différents outils "clés en main" à explorer...

Deux sites intéressants à consulter qui proposent des critiques d’albums de littérature jeunesse.

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